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You shouldn't mumble when you speak
26 mai 2016

Je ne sais plus grand chose en ce moment. Tout

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Je ne sais plus grand chose en ce moment. Tout est très rapide, ou très lent. J'observe le plafond, je fais avec mes doigts des battements. En réunion, je n'écoute personne et j'ai les yeux ouverts sans rien voir devant. Dans l'immense église, je garde les lèvres scellées, le regard dur alors que le prêtre demande de chanter. Ma bouche fermée durant les chants et les prières. Il était où l'amour, trois ans en arrière? Ma robe à oiseaux, mon bandeau qui retenait mes cheveux et ma nièce qui hurlait "Je n'ai pas envie" devant l'eau bénite pendant que je riais de ce cadeau.

La veille, j'étais partie chez ma grand mère pour pouvoir la ramener. Je chantais très fort dans la voiture pour ne pas m'endormir. Dans la journée, un automobiliste s'était arrêté pour me demander si j'allais bien. J'étais dans la rue, et je m'accrochais à un mur parce que je ne pouvais plus marcher. Je lui avais souri, j'avais dit merci, je travaille juste à côté et il était parti, les sourcils inquiets. Mais c'était de ma faute monsieur, si mon dos me faisait souffrir à en avoir le souffle coupé. A-t-on idée de si peu dormir, d'autant veiller? De fermer les yeux à six heures du matin pour les ouvrir deux heures après. De rire avec des étudiants qui n'étaient pas les miens, et de se reconnaître tellement dans le diplôme qu'ils fêtaient. La timide avec son verre vide et son manque d'argent pour en commander à nouveau, celui qui parlait très fort, celui qui racontait trop, celui qui souriait timidement alors que je le félicitais. Entre temps, je retournais leur prendre des verres au bar et rire avec les inconnus qui s'y trouvaient. Cette demi heure qu'on devait juste passer, et qui a fini par durer plus longtemps que prévu. Leurs joies, leurs vies, leurs projets. La timide et son coup de coeur qu'elle m'avouait pendant qu'il partait fumer. Moi qui lui souriait, qui l'écoutait, qui disait oui oui mais qui pensait "Si tu savais, jolie, si tu savais". On a fini par les laisser fêter tous seuls leur année qui se finissait. Et moi et mon vélo que j'avais pris pour ne pas rentrer tard. L'alcool que j'avais un peu contrôlé. L'heure que je regardais, il va falloir rentrer, maintenant, il va falloir y aller.

Et puis, non. C'est pas moi, c'est l'obscurité. C'est pas moi, c'est plus compliqué. Est ce que c'est le noir qui fait ça, est ce que c'est juste une question de manque de clarté. Mes doigts dans ses cheveux, et ma paume contre la peau sous laquelle un autre coeur vite battait. Plus aucune distance, plus aucune barrière, plus rien pour faire sens. Plus aucune raison à laquelle se retenir, et ces heures dans lesquelles on était supposé dormir. Mes cheveux emmêles, mes yeux cernés et la lumière trop vive du matin sur le canapé. Le manque de sommeil, les mains qui tremblaient et des questions qui m'amusaient. Si sur mes lèvres, c'était bien de la fraise qu'il sentait. De la cerise, je repondais. Tu mélanges les gouts en plus des couleurs, je souriais alors que j'avais mal à la tête et l'envie de dormir mille heures plutôt que d'aller travailler. De rester dans cet appartement que je connais par coeur, même les affiches, même les tasses dans l'évier. Même celle que j'avais ramené d'Espagne il y a quelques mois qui me paraissent une eternité. Les livres partout, les vêtements noirs, les chansons pour lesquels on ne cessait de se disputer. Ma tête sur sa cuisse, nos yeux fermés et nous deux de repeter je suis fatigué je suis fatigué je suis fatigué. Et au travail, croiser le collège d'amour qui s'inquiétait de mes petits yeux. Et le rassurer en souriant, "Mais tu sais, ce garçon est si beau et on n'a jamais assez de temps". Rire dans les couloirs, et m'apercevoir plus tard d'une étole dont je n'étais pas la propriétaire, enfouie dans mon grand sac usé. Sourire devant les élèves en disant "c'est rien" avec les mains, respirer un grand coup et passer la journée à moitié embrumée, à moitié éveillée. Je ne sais plus grand chose en ce moment, et pour l'instant c'est bien assez.

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