Les refuges

Le coeur de Bamby qui battait doucement, si doucement sous la paume, doigts écartés sur sa peau pâle / La franchise dans son départ, celle qui manquait cruellement à la Grande Méchante Histoire / Le sel, la tequila, le citron qui brûle brûle brûle / Les lumières tamisées et les banquettes douces de n'importe quel pub, avec une belle personne en face de ma pinte / Les murs du nouvel appartement qui se couvre de gris clair / Le lourd casque bleu qui fait dodeliner la tête quand je marche / Chanter en criant durant les longs kilomètres sur la route déserte / Please don't treat me so now doggone mean you're the meanest man I ever seen / Les anciennes conversations avec Pretty Boy / Et ses nouveaux mots imprévus / Les nouvelles conversations avec Middle One / Le prix des billets d'avion en prévision de / Les photographies de cet été qui était tellement / Tellement / Tellement /

Les vidéos filmées pendant l'été - Les rires et les sourires que j'ai volé tout le long de ma route - Middle One qui jouait de la guitare et chantait dans Montpellier désert - La plage - Les perruques - Les ours qui croquaient des pommes à côté de la voiture - L'appartement et les Cuba Libre à Nice - Mon reflet dans toutes les vitres des trains -  Mon reflet roux - blond - blanc / Mon reflet que je ne reconnais pas mais que j'aime bien / Qui m'aime bien / Qui me maltraite moins / Qui cicatrice /

Les étreintes de Ceux Qui Comptent et leurs épaules pour pleurer / Leurs mains / Leurs mots, mon dieu, leurs mots qui m'entourent et me relèvent, patiemment, à chaque fois, quand je trébuche / Les litres de thé, de café, dans les milliers de tasses, nos doigts autour, et les conversations au dessus / Les larmes qu'on partage / Les moments qu'on vit / Leurs colères pour ma situation, qui me caressent et me font ronronner comme un félin / Leurs présences, loin, et toujours si proches /

Les boys / Tous / Leurs différences / Leurs ressemblances / Ma main sur leurs cages thoraciques pour sentir les battements / Mon oreille parfois, pour écouter / Easy baby maybe I'm a liar / Et moi qui chante plutôt Easy baby maybe I'm alive / Mes doigts dans les cheveux / Les leurs dans les miens, moins doux / Leurs marques sur ma peau / Les miennes sur la leur, moins douces / Mes dents / Mes ongles / Les traces éphémères sur leur épidermes, qui tatouent que j'étais là / Si près / Mais loin / Regarde moi - Ne t'approche pas - Stay - Leave - Look at me - Only me - Repars / 8200 km / 741 km / 500 km / Les baisers dans une ruelle / Contre la grille de l'ascenseur / Contre un mur en vieilles pierres blanches/ Contre mes lèvres qui avaient tellement souffert / Contre mon ancienne vie qui se dissout dans la nouvelle / Les parties du corps que je préfère - Le creux du cou - Les mains - Les épaules - Les clavicules - Les hanches / Leurs poignets que j'enserre toujours un peu trop fort / Les tâches de rousseurs quand il y en a / Les yeux bleus - verts - noirs / L'autre langue / Presque toujours / You know that I could use somebody / Leurs présences / Leurs absences

Mes affaires dans des cartons / Dans des sacs / Les robes, les collants, les chaussures / Qui auraient du y être depuis décembre / Le poids sur mes bras quand je les transporte toute seule / Le poids sur mes épaules quand j'ouvre la nouvelle porte / Le poids sur mon dos quand je contemple, allongée par terre, le soleil, qui se couche à travers les vitres / Le poids qui s'effeuille petit à petit, avec la musique qui résonne dans l'appartement vide / We are a hurricane, drop our anchor in a storm / Le poids qui se brise de plus en plus quand je me relève / Les pieds à plats, dérouler le dos, et étendre les bras vers le plafond / Le poids qui se brise tout à fait / Se relever.

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[Jende]

Le texte le plus poétique que j'ai lu sur ton site. Et le plus aérien. J'ai l'impression d'une chanson d'automne.