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You shouldn't mumble when you speak
8 février 2015

J'ai l'impression de gravir des montagnes aussi

J'ai l'impression de gravir des montagnes aussi grandes que celles qui étaient collées à ma fenêtre contre le ciel. Avant, quand la vie était différente et qu'elle avait moins de mordant. Il y a un siècle, le short en jean, les chaussettes hautes et le bonnet en grosse laine beige. 2012 et mes premiers pas toute seule. Hésitante, incertaine, le pas fragile sur le sol en pente gelé. Les début du changement. La liberté incroyable tout en bas. Mais ça, ça, je ne le savais pas.

Les cheveux mal attachés sous ma capuche à l'interieur de fourrure bleue. Je deviens une habituée du lieu où on voit le ciel griffé de poutres d'acier. J'ai baptisé mon vélo de prêt. Et moi et Léo, on est un peu moins mauvais. J'ai beaucoup moins peur de tomber. Et ça, c'est quand même la chose la plus drôle que j'ai à raconter. Et quand on me demande de décrire mon nouveau sport, je remonte la jambe de mon pantalon et je montre mes bleus pas encore effacés.

Je continue d'apprivoiser ma solitude, et j'avance avec elle pendant qu'elle chamboule tout à l'interieur. Partout, tout le temps, je m'entends dire "Je veux pouvoir me relever toute seule". Et maintenant que j'ai l'impression d'être enfin debout, il me reste encore à trouver comme garder mon équilibre. Comment ne pas perdre pied quand. Tout est trop dur, trop sombre, trop fatiguant. Quand, la fièvre sous mon front, la couette par dessus, les sanglots coincés dessous. Les paumes contre les paupières closes, et les pensées couleurs de boue qui coulaient partout.

Toute seule toute seule toute seule. Toute. Seule.

Il a fallu une fois, deux fois, dix fois Invictus pour dégager les corbeaux qui avaient migrés en moi avec les virus. Et avec mon crayon noir, tracer sur le miroir ce morceau que ma langue connaît tellement, my head is bloody but unbowed, et qui orne maintenant mon reflet comme une couronne.

Elliot Smith me chante beaucoup qu'il est so glad to meet you Angeles  en ce moment et je dodeline souvent de la tête au son de la guitare. Je souris des choses que l'on m'offre et qui m'accompagne. J'aime savoir que je suis un patchwork de tous les gens que j'aime, et aussi de tous ceux que j'ai eu la chance de croiser. Ça me rappelle Alaska boy qui m'avait dit "but relationships never end!". Et mes relationships se tissent et me grandissent. Les yeux verts et leur chanteur. Victor Krum et ses mots slovène qui roulent et me chatouillent. Notre relation si curieuse, qui me fait soupirer et ricaner. Allez viens va, gremo v pub, et allons boire un verre. Soyons amis finalement, et s'il n'y a plus jamais mes doigts dans tes cheveux, c'est pas trop grave. Parce que les kurenti. La potica. Sam le poisson. Et ton accent. Et crois moi, c'est déja fou, et c'est déjà grand. Et c'est largement suffisant.

Les lundis soir qu'on instaure de nouveau avec ma grand mère. La route, encore, jusqu'à arriver à la grande maison où le portail est toujours ouvert pour moi. Je balance mes affaires, j'enfile mes chaussures bleues et je pars courir dans le stade désert-désert-désert.Comme dans les contes, elle me dit de ne pas aller courir dans les bois parce que c'est dangereux. Et, pas comme dans les contes, je ne vais pas courir dans les bois parce que c'est ennuyeux. Je prefère ensuite me glisser sous un plaid, et mettre mes pieds contre ses mains pendant qu'on parle de la vie. De la mienne qui vibre et fait n'importe quoi. De la sienne d'avant, quand elle était jeune et qu'elle allait au bal. Le matin, quand je pars, il y a son visage qui reste à la fenêtre. La dernière fois, avec ma boule de neige contre le mur, il ne restait vraiment plus que son sourire.

Ma salle de classe devient un refuge pour la pause du thé, avec mes deux nouvelles collègues de cette année. Celles que j'aime de plus en plus. Et quand je leur demande comment ça se passe, avec l'autre personne qui enseigne à ma classe, elles me répondent juste "Avec elle, c'est professionnelle". Alors je ris derrière ma tasse, et je les insulte en m'insurgeant faussement. "Mais toi, c'est pas pareil". Je le sais bien ça, c'est toujours mon histoire de barrières. Je ne les dresse jamais trop haut, et jamais bien longtemps. Je la mauvaise habitude de toujours mieux respirer sans.

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