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You shouldn't mumble when you speak
21 janvier 2016

Et à chaque fois, il y a quelques chose qui ne

Bla2

 

Et à chaque fois, il y a quelques chose qui ne manque pas. Qui ne manque jamais. Quand je dis, quand j'écris, quand je murmure à un moment donné que je m'ennuie dans ma vie. "Ah bon, jeune fille?", semble s'exclamer La Vie, "Vraiment?". Et me voilà à ricaner, me voilà de nouveau à rire sur des moments qui n'étaient pas programmés.

Comme cette gueule de bois énorme, terrible, qui me faisait avancer à pas hésitants jusqu'à ma bouilloire pour tenter de me faire un café. En passant à côté du bureau, faire tomber une pile de livres et ne rien relever. Faire bouillir l'eau et en attendant, repartir se terrer. Quand j'ai eu un peu plus de courage, et que le sol était plus tangible et moins mouvant, j'ai commencé à ramasser. Les ouvrages à lire, ceux à peine commencés, ceux presque finis.  "Je ne comprends pas comment tu arrives à en lire plusieurs en même temps" me répétait A. l'autre jour, tout en m'en prêtant trois d'un coup. Et le dernier que j'ai attrapé, un livre que j'avais oublié chez une amie cet été. En juillet quand tout était fou, tout était beau et plein de voyages à travers la France. Et qu'elle m'a renvoyé il n'y a pas longtemps, dans un colis avec un original que je lui avais acheté. En le prenant par la tranche, j'ai fait tomber des photos glissées entre les pages, dont je ne connaissais pas l'existence. En les retournant, j'ai ouvert grand les yeux, et j'ai souri en grand. Et j'ai rougi aussi, évidemment. Je ne m'attendais pas à une si jolie déclaration d'interêt, et à de si jolis sous vêtements. J'avais un peu oublié que je pouvais plaire, trop occupée par mes vagues et mes marées. Ohlala ohlala ohlala, j'écrivais sur mon téléphone. Les dernières mains sur ma peau, c'était cet été alors forcement, je devais avoir l'air d'une jeune vierge effarouchée. Mes deux mains sur ma bouche, mon rire dessous.En moins troublée peut être, en beaucoup plus expérimentée. Mais en aussi naïve, et aussi carmillon sur les joues.

Et comme si ce n'était pas assez. Ces derniers temps, le retour des Boys d'avant. Mon année 2014 et ses rencontres, et ses nombreux moments. Cette crise de survie, cette crise de vie qui me manquait et que j'ai rattrapé par tous les vices que je pouvais. Et donc ces si jolis garçons qui reviennent par vague me parler. Depuis si loin, par fuseaux horaires intercalés. Me dire qu'ils se souviennent de moi, qu'ils se rappellent de nous et de ce que ça avait été. Ces drôles de coïncidences. Et c'est drôle de voir Londres ou Montréal revenir dans ma vie pour discuter.

L'autre soir, alors que j'écoutais la pluie tomber. Des coeurs dans un message, et moi qui levait un sourcil et un coin de mes lèvres. Texas Boy. Le grand, le seul, celui si important que j'avais rejoint en Suisse sur l'un de mes plus gros coups de tête jamais fait. Qui me disait qu'il pensait à moi un an et demi après, et que je lui manquais. Qui me parlait de mon français, de notre week end ensemble il y a deux vies et demie. Et qui me faisait rougir drôlement, et rire toute autant. C'est vrai Texas Boy, c'est vrai tout ça et c'est si loin maintenant. Alors je lui ai demandé s'il était près de Los Angeles où je veux aller me perdre bientôt, et il m'a répondu, incrédule, que c'était là bas qu'il déménageait. Et à partir de là, je n'ai jamais réussi à couper la conversation. Son visage de maintenant, ses copines qui se battaient pour moi et dont il m'envoyait des photos qu'elles prenaient exprès. Qui voulaient absolument la frenchie avec elles, qui me voulaient moi qui était à des milliers de kilomètres, dans leur lit. Ses plans à beaucoup trop de personnes qu'il me proposait. Et moi qui pouffait, et qui lui demandait mais enfin mais qu'est ce que tu leur as dit? Et lui qui me décrivait un à un tous les souvenirs qu'il avait de moi, et mes joues magenta encore une fois. Parce que je ne me rappelais pas de tout, et que lui au contraire avez retenu exactement ce qu'il s'était passé. Différence de culture, différence de voltage, lui en voyage et moi qui revivait. Il me reparlait encore et encore de ses mains que j'avais attaché, des baisers si différents en français. Du peu d'heures de sommeil volées. Des boutons de ma robe à détacher dans ma nuque, de ma langue qu'il ne comprenait pas mais justement c'était parfait. De mes jolis yeux, de mes tatouages, et toutes ces marques que je lui avais laissé. Et il me répétait que I've only experienced one french girl, and she was naughty and nice, et je riais. Si on doit se rappeler de moi comme ça, si c'est ce souvenir que je dois laisser, alors ça me va. Mes love bites, mes griffures en portées musicales contre les omoplates, mes "Don't you dare" quand je fixe la personne dans les yeux et que je décide de faire exclusivement ce que je veux, mes doigts dans les cheveux, et comme dirait Boris Vian,  J'en dis pas plus faut bien rester révérencieux. 

Moi je me rappelais surtout de ses yeux, de ses mains sur mon cou, du balcon de ma chambre luxueuse et lui qui m'expliquait qu'on disait le même mot en anglais pour les grues à plumes et celles des chantiers. Les lentilles de contact qu'il gardait pour dormir et moi qui insistait mais non mais ce n'est pas fait pour ça, tu dois les enlever. Ce cocktail qu'un serveur suisse m'avait beaucoup trop chargé et que je n'arrivais pas à boire. Je lui avais glissé à l'oreille I can't drink that, you know, I think I don't want to sleep tonight, et il me l'avait pris des mains  pour le boire d'une traite avec autorité. Et j'avais ri.

J'avais ri dans le club improbable où on était allé, j'avais ri sur les berges du lac quand il me prenait la main, j'avais ri dans l'ascenseur en fer forgé. J'avais ri en lui disant qu'il était photoshopé, j'avais ri pendant, j'avais ri après. J'avais ri au matin quand il avait quitté ma chambre et qu'il ne portait que mes suçons sur son torse nu. J'avais ri dans les rues en courant vers mon train, j'avais ri à Lyon alors que je manquais tellement de sommeil que je marchais sans me rendre compte de mon pied ensanglanté, et j'avais ri toute la semaine suivante en révisant ce dernier partiel de juin. Je m'étais très bien habillé, j'avais tremblé, j'avais réussi et j'avais ri le week end entier en Bourgogne dans ce voyage improvisé. J'avais ri tout l'été en partant vadrouiller. J'avais laissé mes clefs à mes deux new yorkais qui se débrouillaient si mal, et je dormais sur le canapé gris d'un ami parti à l'étranger. J'avais ri à Nice, à Toulouse, à Grenoble et à Montpellier. Je n'avais plus de maison, plus de projets, la vie nouvelle qui crépitait. Mes cheveux passaient du roux au blond, je faisais des photos avec du faux sang et des vrais gens et je recroyais en un avenir possible que je passais mon temps à modifier. Je disais oui, je disais non, je faisais beaucoup de covoiturages et je prenais parfois l'avion. Je changeais, j'apprenais. Je faisais n'importe quoi, je dormais toujours la tête tournée à ceux avec qui je partageais un lit. Une étreinte mais pas ma vie, laisse moi de l'espace, je suis encore en mode survie. Je me rendais compte que je pouvais dissocier le sexe de l'amour, mais que forcement il y avait toujours beaucoup de sentiments entre moi et ceux que je croisais. Je me souviens de Bamby que j'avais fini par attraper par les poignets pour lui dire mais arrête toi, viens, raconte moi, je m'en fous du sexe tu sais.

En discutant avec Texas Boy, je regardais toutes les photos d'avant et je souriais. Et lui et ses jolis compliments, et ses maybe I'll convince you to stay with me.Et je lui répondais que ça allait être compliqué, et je l'appelais comme avant, "Joli garçon" dans le texte en français. Joli garçon, moi depuis la Suisse, j'ai grandi. Et j'ai encore plein de choses à faire ici, et je te raconte même pas mes projets. Et mes prochaines surprises, et mes prochaines bêtises. Je suis bien ici, j'aime bien partir voyager mais j'ai encore beaucoup de projets de ce côté de l'océan. J'ai encore des gens à surprendre, et des visages étonnés à m'imaginer.

Et aussi mes apprentissages non conventionnels et moi qui répète en pouffant Die mause lesen ein buch dans mon téléphone qui me valide à moitié. Mon costume de soldat français de la première guerre mondiale pour faire mon cours d'histoire. Mon cocktail à base de tequila devant ma jolie blonde qui me parle d'emmenager chez l'un de mes amis après qui elle avait longtemps couru, l'année dernière. Pendant des semaines, je l'avais écouté me parler des rendez vous qui n'avancaient pas, des vêtements qu'elle allait porter et vraiment, tu me le dirais s'il te parlait de moi? Et l'ironie, toujours, La Vie qui rit de moi. Puisqu'un jour, je lui avais dit Mais franchement mais moi j'ai l'impression que vous êtes en 5emeB tous les deux, bougez vous, vous me fatiguez. Comment je pouvais savoir moi, comment je pouvais prévoir? Qu'on allait reprendre ce que j'avais dit pour me l'attribuer. Qu'on allait se foutre de moi pendant longtemps, pendant des mois.

"C'est la vie, je sais pas", je réponds à ma blonde qui m'interroge, en trinquant ma tequila contre la sienne. La vie est folle, la vie va vite, on est déjà tellement loin de 2014 et j'en sens pourtant encore la chaleur dans mes mains. Je ne sais rien des prochains mois, je ne sais rien de la prochaine moi. Surprends moi la vie, surprends moi.

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