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You shouldn't mumble when you speak
26 mars 2016

Les jours sont doux, en ce moment. Je ne sais pas

blabla14

 

Les jours sont doux, en ce moment. Je ne sais pas si c'est parce que je suis une enfant du printemps. Mais chaque mars qui passe, c'est la même chose. Je me réveille, je m'étire, j'ouvre grand les yeux et je respire mieux. Ça fait six ans pile que j'ai ouvert l'autre blog, ça fait cinq ans pile que je suis végétarienne. Les bonnes décisions, celles que je prends et celles qu'on a prise pour moi. C'était au mois de mars qu'il partait, il y a deux ans déjà. Bon vent, darling, bon vent vraiment.

Avec B., on a de nouveau fêté la Saint Patrick tous les deux. Comme l'année dernière. Nous et nos moustaches, nous et nos cadeaux verts collectés au fur et à mesure de notre trajet. De pub en pub, de plus en plus de rire dans les rues. Les vidéos en langues des signes, et le froid sur mes mains que je ne sentais plus. Un chapeau, un deuxième, et puis finalement un collier de fleurs sur mes cheveux pour finir la soirée. Des tee shirts où était écrit "irish true" et nos pas plus vraiment très droits. En passant devant un pub où tout le monde était sur le trottoir, tourner la tête et écarquiller les yeux. Mes hollandais, la famille au complet. On a pris de nouveau un verre, et moi je souriais à mon pâtissier roux que j'étais enchantée de retrouver. Sa jumelle m'a promis un rendez vous dans les jours suivants, et on a fini par se séparer parce qu'il fallait qu'ils rentrent tous dormir. B. et moi, on a préféré partir danser. Sauter partout dans le bar gay, prendre mon cousin dans les bras et danser avec plein de garçons si jolis et si souriants. Mes doigts deux fois coincés dans la porte, ce n'était pas important. Nos photos, nos sourires, nos bêtises, les pâtes dans la nuit et le lendemain, ma tête qui tournait. Partir en grimaçant et l'entendre me crier "Best party ever!" derrière la porte que je venais de fermer. Mon majeur était bleu et vert. J'ai grimacé toute la journée dans ma classe, mais c'était le prix à payer. Rire, boire, peu dormir, danser. Tant pis la migraine, tant pis ma mine froissée.

Et la semaine suivante, comme promis. Me retrouver dans l'appartement des deux frères de cette nouvelle famille préférée. Le jumeau et la jumelle me répétant tous les signes que je leur avais appris. Tous. Devant mes grand yeux étonnés. Pendant qu'il discutait avec d'autres, je regardais ce grand roux qui a du le sentir puisqu'il s'est tourné vers moi pour me signer "C'est chiant" pendant que je riais. Point pour toi, jeune homme. On a tous parlé de voyages, de cultures, de langue des signes et des boulots d'été. Lui contre moi, je lui ai demandé de me dire une phrase en hollandais. Les yeux fermés, j'écoutais de nouveau de l'inconnu. Et puis je les ai ouverts d'un coup et j'ai dit "Le mot pain, c'est le même en allemand!" et je l'ai vu sourire. Et j'ai aimé la langue, évidemment. On a cherché les Pays Bas sur google maps pour qu'il me montre les villes, et il se moquait "Mais tu ne savais pas où c'était?". Il me resservait du vin dans ma tasse pendant qu'il me posait des questions sur mon végétarisme et qu'il disait mais les poissons quand même, les poissons on s'en fout non. Je haussais les épaules et il rajoutait Mais alors si on mange de la viande, on ne peut pas t'embrasser? et je souriais en répondant Pas en même temps en tout cas, je préfère pas. J'ai discuté avec la jolie L. venue s'assoir à côté de moi. Sa grand mère juive, son métier, la danse partout dans sa vie. Ginger Boy devait se lever tôt donc il est parti se coucher. Pour me dire au revoir, ses deux mains qui attrapaient mon visage pour embrasser mes joues. Et les coïncidences, et les ressemblances. Z, mon grand roux du Mississipi qui avait fait pareil, un an avant. Et si je dois rencontrer des jolis roux à chaque fois que le printemps renaît, je suis d'accord, ça me va comme habitudes à ancrer.

Quinze minutes après, je tapais à sa porte pour lui parler d'une dernière vidéo en langue des signes qu'il devait regarder avant de se coucher. Ce que je n'avais pas prévu, c'était l'obscurité dans la chambre, et lui debout devant moi. Ses bras autour de moi pour me dire au revoir, encore. Ses baisers sur mes joues et moi qui disait "je vais y aller" mais qui ne partait jamais. J'ai fini par tourner la poignée pour repartir, et j'ai pris une dernière fois cet immense garçon torse nu dans mes bras avant de m'éclipser. Mon vélo, la route pas si longue, la nuit et la lune presque pleine. La musique et moi qui chantait dans les rues désertes.

Le lendemain soir, je racontais un peu à A. dans la salle de cinéma, en lui disant "Can I tell you a secret?". Et je l'entendais me répéter "You're the worst oh my god you're the worst" alors que je riais. Le secret, c'etait l'année de naissance de Ginger Boy. Et je gloussais "I'm sorry I'm so so sorry". Et c'est pour ça que je ne m'approche pas trop, que je me laisse enlacer mais que je m'échappe vite. Mais c'est une jolie histoire quand même, ce garçon qui part faire le tour de l'Inde pendant un an. Qui parle plein de langues, et qui sait m'expliquer le flamand. Son immense carte au dessus de son lit sur lequel je sautais en regardant tous les pays où je voulais aller. Mes doigts sur les villes, regarde, le mois prochain je serai là. Ces jolies rencontres faites par le hasard, une fratrie dans une soirée de quatre vingt personnes. Ce si joli garçon qui embrasse les joues un peu trop près des lèvres. Sa jumelle qui apprend la géographie, et qui veut me donner des mots de hollandais contre des mots que ses mains pourraient signer. Et eux tous qui prennent dans leurs bras, et envoient des messages d'amour pour un oui ou pour un non. Ce printemps tellement doux, tellement changeant. La vie qui renaît, le soleil qui paresse et s'étire, et me fait penser au dormeur du Val que j'étudie avec une élève, le passage "où la lumière pleut". L'hiver est passé, tu sais, et on est bien mieux de l'autre côté. On est mieux quand on a fini d'hiberner.

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