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You shouldn't mumble when you speak
18 juin 2015

"Maîtresse, elle adore vraiment le spectacle",

"Maîtresse, elle adore vraiment le spectacle", murmura une petite voix à côté de moi. Parce que je souris durant les répétitions, parce que je dis bravo, et que j'applaudis trop fort. J'ai prévenu, le jour J, je serai dans un coin, parce que je vais pleurer. Cette petite école de campagne, les vallées qu'on voit, le bout du clocher et les marelles tracées. Je ne supporte plus la route, mais tout ça va beaucoup me manquer. Les poussins sous ma voiture, les cris du coq, mes sourcils froncés du matin qui finissaient par s'apaiser, à cause des enfants dans la garderie, et des mots avec mes collègues devant le premier café. Notre vieux banc, notre vieil humour, ses élèves qui s'accrochent à mes hanches et nos ricanements. La tête horrifiée de certains parents devant ma peau tatouée, et mes sourires très mal cachés. Tout ça va beaucoup, beaucoup me manquer.

Tout passe vite, et pourtant je me tue à combler des minutes interminables. Le temps ne file plus, le temps se fige et me laisse désoeuvrée. Je pose mes mains sur le bois clair, je commande à boire et des mots, et j'écoute la jolie J. me parler de cet ex boyfriend qui ne semblait pas friendly du tout. Je me laisse prendre dans les bras de A., toujours tellement plus grand que moi. Ses bras autour de moi, son hug contre de la peinture sur un frisbee et des dessins de dinosaures par dessus. Mon visage même pas à la hauteur de son épaule, et mon sourire même pas à la hauteur du sien. On se connaît encore peu, mais on s'aime déjà beaucoup. On s'enfouit dans les fauteuils rouges du cinéma ensemble, et il y a beaucoup de nos rires dans l'obscurité. A la dernière séance, alors que les lumières s'éteignaient et que l'écran s'élargissait, je lui ai murmuré "S'ils brûlent une gosse, je m'en fous, je me tire". Et le soubresaut de ses épaules valait bien tous nos tickets. Notre début d'amitié est douce, et c'est vraiment mes préférées.

Et je reconnais des gens, et j'ai la chance de pouvoir rester à leurs côtés. Ça mérite bien un peu de peinture. Beaucoup. Blanche ou noire. Sous mes ongles, sur ma paume ou sur le bitume. De la pluie sur mes cheveux blonds, et sur mes immenses bêtises qui ne m'ont jamais quittées. Dans une nuit noire de la Vieille Grande Ville, le joli mois de juin à accueilli mes pas précipités, et mes rires non limités. Ma capuche sur mon visage, et la lumière quelques étages au dessus que je guettais. Attendre de ne plus voir de phares à l'horizon, ni de piétons contre les murs qui se protégeaient de la bruine et de la nuit qui avançait. Et qui levaient un sourcil inquiet sur cette silhouette noire que j'étais, qui ne bougeait ni ne parlait. Qui se mordait les lèvres en s'emmerveillant de toutes ces premières fois qui lui restaient à tester. Même une fois l'adolescence terminée. De l'allemand peint sur un trottoir, et des rires sous mes côtes à en crever.

"Car c'est une chose que j'ai apprise dans mon métier et c'est valable pour toutes les occasions où le hasard a envie de s'amuser aussi, j'imagine...Il arrive un moment où il faut provoquer le destin. Le provoquer dans le sens le défier. Oui, il arrive toujours un moment où il faut aller chercher sa chance par la peau du cou et essayer de l'émouvoir en misant le tout sur le tout. Tous ses jetons, tout son pognon, toutes ses réserves d'enchères. Son confort, sa retraite, le respect de ses pairs, sa dignité, tout. Sur des coups pareils, ce n'est pas "Aide-toi et le Ciel t'aidera", c'est "Divertis-le et le Ciel te remerciera peut être""

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