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You shouldn't mumble when you speak
17 septembre 2015

Ne pas parler, ne pas parler, ne pas parler.

Ne pas parler, ne pas parler, ne pas parler. Ouvrir la boite mail mille fois, la refermer. Commencer à écrire, effacer. Je répète des phrases en langue des signes, et au moment de filmer j'appuie sur terminer. J'avais promis trois semaines, trois semaines je tiendrai. Ma lèvre inférieure saigne de mes dents qui y retrouvent de quoi se poser la nuit, comme avant. Sur le gobelet blanc de café, le rouge de mon sang sur le rebord. J'ai soupiré. Dans ce grand hangar où je servais le petit déjeuner pour les joueurs du monde entier. Et bien sur, des allemands partout. Cette langue dans laquelle ils criait alors que je passais ma langue sur ma bouche ensanglantée. Ma vie et son ironie.

L'ironie encore dans mes affectation, où j'ai vu "Histoire" dans les cases de ce que je devais enseigner. La vie me bouscule, la vie me chavire mais je reprends toujours pieds. J'apprendre à rester à la surface, j'apprends à flotter. Je deviens plus calme avec le temps qui passe. Et puisque je ne sais pas encore dire à la colère de se taire, je vais courir pour ne pas hurler. Je cours beaucoup, et je serre les poings jusqu'à creuser mes paumes avec mes ongles. Je cours sans m'arrêter, je cours sans me retourner. Devant mes démons, derrière ceux que j'ai terrassé. Je crache sur le sol, et c'est toutes mes peaux dont je me débarrasse. Toutes celles que j'étais, et à qui j'ai du pardonner. Je cours pour ne pas me blesser, je cours pour détourner cette colère qui ne sait que trop bien où aller. Alors je me fatigue, je m'épuise, je ne m'arrête que quand l'heure est terminée. Je regarde le ciel changer de couleur, et je traîne les pieds en rentrant me doucher. Mes genoux sont violets d'être tombée, et je compte les kilomètres qui me sépare de ce que je visais. Allez, plus que la moitié.

Je compte les kilomètres, je compte les heures, je compte les minutes. Je relis des mots que je connais, et je lis et relis ce papier que je commence à abîmer. Cette écriture qui est si différente de la mienne, et sur laquelle je laisse mes empreintes à force de lire les déliés. Les virgules, les points, les hésitations et tout ce qui n'était pas avoué. Tout ce qui attendait qu'on se voit, dans ce noir qu'on connaissait par coeur. Par coeur nos paroles, par coeur nos drames qu'on ne cesse de rejouer. De battre, mon coeur s'est arrêté. Sur mon canapé, des enveloppes de presque toutes les couleurs. Sauf des vertes, sauf des rouges. Immobiles, encore emballées. Mais déjà pleines de tout ce que j'y remplirai. Pleines de cet espoir qui ne s'est pas encore arrêté. Cette chose folle, incongrue, inconnue. Ce feu qui n'est jamais vraiment mort, jamais vraiment consumé. Et lui qui se trompe. Sur lui, sur nous. Sur moi dont il pense que je ne sais que m'enfuir quand tout est trop dur. C'est vrai, c'est ce que je fais. Quand la situation n'est pas importante, où quand il n'y a vraiment plus rien à espérer. Mais l'espoir, c'est encore ce qu'il nous reste. A nous les martyrisés, à nous les écorchés. Pleins de cicatrices et de bleus, et pourtant encore tellement entier. J'aimerais pouvoir encore me l'arracher, mais je n'ai jamais bien su l'amputer. Il s'enterre, puis il repousse toujours. Entre les fissures de tout ce qui a été, il a de la place pour se déployer. L'année dernière, avant même que je ne comprenne ce qu'il m'arrivait, il avait de nouveau germé. Et s'il faut encore le porter pour deux, s'il faut encore continué. On avancera encore un peu, on escaladera les murs et on rampera dans les fossés. Il n'a jamais été question de toute ma vie, que je m'enfuis avant d'avoir tout essayé.

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