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You shouldn't mumble when you speak
10 octobre 2015

"Exhaust yourself in the glorious pursuit of

"Exhaust yourself in the glorious pursuit of life" écrivait Lawrence K. Fish. I'm exhausted. De la vie qui bat partout, et qui se débat dans tous les chemins qui ne sont jamais droits. Des sentiments qu'on camoufle, qu'on tente de diminuer et de faire passer inaperçu. Qu'on réduit à l'échelle 1/1000eme, et qu'on place sur des cartes pour pouvoir tout mieux plier. Comme ça, ils ne sont pas dangereux. Sur du papier, où tout est bien respecté. Nets, précis, rigoureux. Loin de ce qui bat et palpite, loin de tout ce se passait quand le coeur battait si près.

Ça fait des jours que je cours, ça fait des jours que je danse. Je veux des battements plus rapides, et je veux avoir mal pour une raison. Le souffle qui brûle, et les points de côté. Je cours les derniers kilomètres en m'en faire mal, je tourne sans m'arrêter. Pour réussir une pirouette, il y avait une astuce qu'on nous répétait : il faut regarder toujours devant, et tourner la tête au dernier moment. Fixer ce qu'on veut, et ne jamais trop se détourner. J'ai des connaissances comme ça à travers tout ce que j'ai appris. Je sais encaisser des coups sans me plaindre, comme quand aux arts martiaux j'avais les avant bras toujours violet. Je sais danser des heures, je sais courir jusqu'à ce que la nuit m'arrête parce que je ne vois plus le bout de mes pieds. Les deux sont pareils, il faut toujours faire attention en enlevant les chaussures, et ne pas trop grimacer. Jeter les chaussettes de rouge tachées, et recommencer. Le mouvement me permet de réduire l'échelle aussi, et de ne plus trop penser. Pour pouvoir manger, dormir, pour pouvoir fonctionner. Le plus dur, c'est toujours le matin, cette seconde entre la douleur présente dans la poitrine et la tête qui l'avait oublié.

Je ne sais pas rien faire, je ne sais pas patienter. Je suis très mauvaise à ça, et quand je m'arrête, je suis terrifiée. Des griffes contre mes côtes, et des dents dans mon cou. De la présence de tous ces démons qui m'attendent, et qui n'oublient jamais de me rattraper. C'était ça aussi, de se relancer dans la vie sans être entièrement réparée. C'est laisser des failles, des espaces où mes peurs peuvent s'immiscer. M'empecher de dormir, et me maintenir éveillée. Et pourtant, pourtant. Je ne crois pas qu'il aurait pu en être autrement.

Je ne sais pas faire semblant, je ne sais pas être mesurée. Je ne sais pas, moi, plier mes sentiments pour les faire rentrer dans des chemins tout tracés. Je ne sais pas les rivières droites, et les distances bien respectées. Je ne sais plus bien faire, quand il y a quelque chose qui s'agite et qui m'en trouve interpellée. Quand je sens quelque chose sous ma peau, et que c'est comme si je dansais. Quand je suis trop près, et ce qui bat n'a pas pour origine ma cage thoracique. Je ne sais pas suivre les plans, ni les décisions qu'il faudrait. Je me perds souvent, et je n'ai jamais été très bien orientée. Je suis ce qui me touche, et j'arrête souvent d'avancer pour écouter les histoires qu'on veut me confier. J'ai peur de moi, mais je n'ai pas peur des sentiments. De ce qui pourrait se passer si. On ne respectais pas les engagements, et tout ce qu'ils pourraient impliquer. Si on avait moins peur de ce qu'on ne connaissait pas, et de toutes les possibilités. J'ai le dos contre une porte qu'on a fermé, à double tour et sans autre accès. On m'a expliqué mon histoire qui n'avait qu'une partie de la vérité, et je me suis retrouvée désemparée. A cause de tout ce qui avait été oublié, et toutes les notes des marges qu'on avait effacé. Plus d'écritures, plus de ratures, que des lignes bien tracées. Plus de choses emmêlées, plus d'aventures, plus rien qui s'agitait. Qu'est devenu ce qui battait? Je ne retrouve plus les étoiles entre les branches des arbres, et les mains qui se touchaient. Les confidences, les paroles, les secrets. Je ne retrouve rien, je me suis encore perdue sur une carte que je n'arrive pas à maîtriser. Je ne sais pas étouffer ce qui respire et qui vit, je ne sais pas diminuer. Je ne veux pas faire ça parce que ça fait moins mal, je ne veux pas me le cacher. Je ne veux pas faire semblant qu'il ne s'est rien passé, pour maintenir mes fondations et ne pas avoir encore à tout ramasser. Je ne veux pas oublier, je ne veux pas oublier, je ne veux pas oublier.

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