Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
You shouldn't mumble when you speak
11 octobre 2015

Je n'avais pas envie d'y aller. Je me suis

Je n'avais pas envie d'y aller. Je me suis réveillée beaucoup trop tôt, et j'ai laissé le matin se dissoudre avec mauvais esprit. J'ai fini par courir partout, attacher de la dentelle sur ma peau et couvrir de couleurs mes ongles. J'ai hésité, j'ai regardé le flacon de rouge que je n'avais pas touché depuis des mois. Parce que la couleur était. Parce que j'étais. Comme les robes de cette couleur que je ne mettais plus, et que je laissais dans mon placard, non portées. Je me suis trouvée ridicule, et j'ai peint deux couches. J'ai accroché mes cheveux, et j'ai couru jusqu'à ma voiture, et puis jusqu'à la mairie. Il y avait du soleil, des jolis arbres et des gens auxquels je tenais. Plein. Et les mariés, que j'aime si fort et qui étaient si beaux. Ces deux là qui sont toujours si bienveillants avec les autres, et sur lequel on peut si facilement se reposer.

A l'église, tourner la tête pour croiser le regard de Choub pendant que le prêtre sermonnait qu'il fallait renoncer à Satan et aux péchés, et qu'on devait répondre en choeur "Je renonce". Articuler "genre!" et garder nos lèvres scellées. Ne pas chanter durant les chansons, ne pas dire les prières que je connaissais pourtant, pour les avoir tellement récitées. Parce que sous ma dentelle et mes cheveux bien nattés, j'ai toujours cette colère depuis trois années. Des discours qui ont été fait, de l'intolerance pendant que l'Assemblée votait. Alors je ne communie plus, je ne chante pas et je reste muette jusqu'à ce que je puisse sortir de ces endroits. Je regarde les vitraux, je regarde les tableaux. Je n'écoute pas. Et j'en étais là de mes interrogations, la tête ailleurs et la garde baissée. Et puis. L'Ave Maria de Schubert, que je n'avais pas anticipé. Et c'était mon passé, et c'était des souvenirs de lui à moi et de moi à lui. D'un coup, directement dans la poitrine. Fort. Baisser la tête et sentir les larmes qui passaient. Sortir le fil, sortit l'aiguille, et recoudre à nouveau. Toutes ces plaies qui se remettent à saigner quand on ne les surveille pas assez. Mon corps recomposé par des points de sutures et sous lesquels j'ai pu reconstuire ma peau. Et ça ne me dérange pas, de recommencer à chaque fois. Pendant que j'attends que mes émotions passent et que je puisse de nouveau me suturer, je me rappelle de tout le chemin que j'ai traversé. Arpenté. Sur lequel j'ai rampé beaucoup, et sur lequel je me suis toujours relevée. Did you think I'd crumble darling, did you think I'd lay down and die parce que tu m'as abandonné. C'est juste une cicatrice que je finis de consolider. J'ai pris un mouchoir, et après je suis sortie sur la place ensoleillée pour pouvoir crier "Vive les mariés".

A la réception, je discutais avec ceux que je vois peu et qui me manque tellement une fois que je les revois. On discutait de nos aventures, et de tout ce qu'on avait oublié de se raconter. Parce que la vie passe trop vite, parce que Paris est trop grand et qu'ils se noient tous un peu dedans. Et quand on m'a demandé comment j'allais, entre deux bouffés de fumée dehors ou dans le recoin du jardin avec nos flutes à la main, j'ai répondu sans réfléchir. Sans le voir venir. J'ai répondu "oh ces derniers jours, j'ai beaucoup pleuré". Et j'en étais aussi surprise qu'eux. Car s'il y a bien quelque chose de nouveau dans cette nouvelle peau que je me suis faite, c'est cette façon d'expliquer ce qui se passe et de ne plus tout garder. Et d'accepter l'aide, les regards et mon front sur l'épaule de Choub quand on dansait. De dire à ma jolie rousse, surveille moi, je suis triste, je me connais. Et alors que, pendant la soirée, j'ai attrapé la main d'un joli garçon pour aller danser au milieu d'un cercle. Pendant que je riais de sa main sur ma taille et de lui qui me disait "Mais toi, tu sais danser pour de vrai, moi je suis un arnaqueur tu sais" et qu'il me faisait tourner tourner tourner. Dans le coin de mon regard, j'ai vu ma rousse et un autre qui me faisaient des croix avec leurs avant bras. Dans notre langue, ça veut dire "Veto", et on l'utilise quand l'autre veut un avis ou même sans qu'il l'ai demandé. J'ai pouffé, et à la fin de la danse j'ai rendu son bras à mon cavalier. Je suis allée les retrouver, pieds nus et les cheveux emmelés et j'ai juste dit "Je sais".

J'ai eu beaucoup de veto dans mon téléphone, durant l'année et demie qui s'est écoulée. Il y a ceux que j'ai écouté, et ceux que je n'ai pas respecté. Parce que je savais mieux qu'eux, parce que moi je sortais du chaos et j'avais besoin de tous ces moments où je me suis égarée. Elle comprenait et bien souvent, elles me laissaient y aller. Durant la soirée pour fêter ma vingt septième année, alors qu'on avait fini tous avec les cheveux roses et beaucoup trop de verres vides. "Je vais aller en Suisse, veto ou pas veto?" et elles avaient approuvé. Et plus tard, quand la vie recommençait à battre, ça s'était un peu enchaîné.

Je veux aller au Canada. Il y a cette fille qui me plaît. Veto ou pas. J'ai postulé dans d'autres villes. Je ne sais pas si on est en couple tous les deux, mais je pense qu'au fond il aime les garçons. Je fais quoi, veto ou pas. Je veux faire des photos avec du sang partout, je veux détruire ses affaires. Ca ne me fait rien quand il m'embrasse, j'essaie mais c'est tiède et je ne sais pas. Vous êtes chiantes, vous mettez juste un veto parce qu'il est moche. Si. Je vous connais. Je veux redevenir blonde, je veux me raser les cheveux. Je veux aller à Ljubjlana, je veux voir les Kurenti défiler. Je n'ai pas dormi, et j'ai du conduire des kilomètres avec mes paupières qui se fermaient. J'ai envie de m'approcher, mais je ne crois pas que c'est une bonne idée. Veto ou pas. Mais non, ce n'est pas ça. C'est plus simple, et c'est plus compliqué. Non, je ne crois pas. Non, je ne sais pas. Redites moi encore que je ne devrais pas y retourner. C'est trop tard parce qu'il. Et que je. Veto. Je sais mais. C'est la couleur, c'est les souvenirs, c'est le ciel qui se dilue la nuit et tant pis si on ne dort pas. Je sais que vous n'êtes plus d'accord, et que je ne vous écoute pas. Mais c'est plus important de voir où on peut aller, de vivre ce qu'il y a à vivre et tant pis si personne ne comprenait. Les veto c'est pour rire, les veto c'est pour de faux. C'est la vie elle même qui doit être acceptée, et tant pis si on doit avoir mal après. Tant pis si j'y crois toute seule, et que je dois être la seule à trébucher. Pour dire "avoir mal", on passe le pouce sur les lèvres. Pourtant, avec mon pouce sur ma bouche tellement maltraitée, je ne suis toujours pas sure que j'arrive à regretter.

Publicité
Publicité
Commentaires
You shouldn't mumble when you speak
Publicité
Archives
Publicité