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20 octobre 2015

J'achète des bougies qui changent de couleurs en

J'achète des bougies qui changent de couleurs en fonction de la chaleur. Je trouve une boutique de thé au détour d'une cathédrale, et je réponds à cette vendeuse rousse si jolie qui me demande si elle peut m'aider, "Je ne sais pas ce que je veux, je suis désolée". Alors elle me conseille, m'oriente et je repars avec mon thé d'automne, noir, aux noisettes et au caramel. En déambulant sur les quais, en marchant tranquillement puisque c'était l'heure de manger. J'ai fini dans cette petite boutique de design, cachée, et que j'avais trouvé par hasard l'an dernier. Ce vendeur gentil et barbu, à qui j'avais avoué que je venais acheter des mugs parce que je n'en avais plus. "Ils se sont cassés pendant le déménagement?", il m'avait demandé en enveloppant mes nouvelles tasses dans du joli papier. "Non non, je les ai cassé exprès" lui avais je répondu. En souriant. En grandissant. Il avait écarquillé les yeux, un peu, et rendu ce sourire que je lui donné. Il ne m'avait pas oublié depuis et me fait toujours un signe de tête quand on se croise dans les rues de cette ville si grande mais si exiguë. Ça ne doit pas être si courant, les jeunes filles à l'air très fières quand elles racontent l'incendie qu'elles ont allumé.

"C'est la guerre", je réponds quand on m'interroge. Sur ma petite mine, sur ce que mon entourage a raconté. Les batailles, ce qu'il faut combattre ou laisser gagner. Ce qui appuie très fort sur la nuque pour qu'on capitule. Et tout ce que ça provoque et qui me laisse complètement abasourdie. Stupéfiée. Ce desespoir, et puis tout ce qui remonte à la surface, si peu de temps après. La colère, l'obstination, la volonté. C'est donc cette partie de moi qui est restée après tout ça, c'est moi qui suis de nouveau aussi rapidement sur mes pieds. Les plans, les projets. Les schémas heuristiques pour réussir à comprendre ce que je n'arrive pas à appréhender. Des ronds, des flèches, des explications, des théories et des nouvelles idées. La guerre contre tout le monde, et contre soi en premier. Retourner courir et améliorer encore le temps. Finir avec le soleil couchant et les premières étoiles qui font frissonner sous ma capuche noire. Dans mon téléphone, T., mon rouquin qui se moque de ne jamais m'avoir vu courir, et je dois lui rappeler par l'idée de qui lui est venu le sport qu'il pratique maintenant très souvent. On parle d'amour, évidemment. On n'a pas pris de nouvelles depuis juin alors forcement, c'est compliqué. On explique, on résumé, on fait le point et on commente. Ma vie, et ses rebondissements dans tous les sens et surtout les mauvais. Sa bataille si compliquée pour la récupérer, elle, et de mon avis qu'il aimerait bien avoir.

Tu sais ce que je vais te dire, je vais à nouveau me répéter. Si tu crois que c'est elle fonce, coure, bats toi encore. Mais tu sais bien de quoi je vais te parler, et ce n'est pas d'elle. Il faut que tu fasses quelque chose, il faut que tu bouges là. Débloque toi, elle reviendra pas si tu continues à pas t'ouvrir. Arrête de ne pas faire confiance, laisse la place à tes émotions sinon elles ne sortiront jamais, tu le sais. Tu ne vas pas rester comme ça, c'est pas possible, tu ne vas pas faire ça."

A l'autre bout du fil, le silence. T., avec ses taches de rousseurs et ses cheveux roux foncés. On se connaît depuis la fin de l'adolescence, on a le même âge et pourtant c'est le petit frère que je n'ai pas eu. Je l'engueule, je le pousse dans ces derniers retranchements et il finit toujours acculé. Tout ce que je déteste qu'on me fasse, tout ce que je fais toujours quand on me laisse la place. Lui m'aide à maîtriser toutes les peurs que j'ai. Il m'appelle "ma belle" et me bouscule toujours. S'amuse de mes révoltes, et n'écoute jamais quand je lui dis qu'il me fatigue et que je suis épuisée. Me ramène à boire quand je ne l'ai pas demandé. Trinque à la vie, à l'amour, à notre amitié. Fait des commentaires sur ma poitrine, pendant que je lui confirme que sa coupe de cheveux est encore loupée. Se balade torse nu même en hiver, et c'est pire en été. M'a fait pousser des cris d'orfraie en novembre dernier alors qu'il se se promenait sans aucun vêtements dessus. "Mais pourquoi t'es toujours tout nu putain" je m'étais étouffée en planquant mon visage dans mes mains. Dans un immense fou rire que j'avais eu bien du mal à faire partir. "J'en peux plus de toi, j'en peux plus de toi" je lui répète et il sait très bien que ce n'est pas vrai. Parce qu'on s'appelle aussi quand on doit parler de ce qui nous touche, ce qui nous cisaille et nous fait souffrir. On s'appelle quand on est malheureux et qu'on a besoin d'être bousculé.

A l'autre bout du fil, le silence et puis il s'est remis à parler. Qu'il avait réfléchit et qu'il allait retourner voir celle qu'il connaissait. Dans son cabinet pas trop loin de chez lui, pour reprendre là où il avait laissé. Parce qu'il en avait marre de fuir, et qu'il était temps d'avancer. Et comme son train était en train d'arriver, il allait devoir me laisser mais il pensait fort à moi et on allait se rappeler. Et il allait venir un week end, pour boire trop et aller voir l'océan. Je lui ai dis que je trouvais tout son programme parfait, et il a raccroché. Sur mon téléphone quelques minutes après, un coeur qui apparaissait. La bienveillance de ceux tout autour de moi, et cette chance infinie que j'ai.

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