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You shouldn't mumble when you speak
24 octobre 2015

"Si tu me prends dans tes bras, là, je ne suis

"Si tu me prends dans tes bras, là, je ne suis pas sure de pouvoir m'arrêter de pleurer". Mes doigts serrés forts autour de mon verre, et mes dents ancrées sur mes lèvres. Sa main sur mon coude. Et les larmes dans l'espace public, encore. Toujours. Sans importance le regard des autres, sans importance jamais. Alors elle m'a fait un schéma, de ces deux dernières années floues et qui ne ressemblent à rien mais où on me voit avancer. Et elle m'a rappelé ce moment que j'avais oublié. Où ils étaient très inquiets, parce que je disais ne plus avoir la force de répondre au téléphone, et que je répondais seulement quelques mots en messages. "Tes télégraphes" de l'époque, comme elle disait. Je ne me rappelais plus. Ce temps là si affreux, si dur, ce temps là maintenant révolu. Quand j'écrivais et que j'ai fini par ouvrir ici pour pouvoir lire mes jours et voir une évolution peut être, s'il vous plaît, donnez moi quelque chose pour me rattraper. Que des mots me montrent que j'avancais, qu'il y avait quelqu'un en moi qui se battait pendant que je ne sentais plus rien. Le froid, le chaud, l'eau sur ma peau qui ne me réchauffait jamais. Le sang parfois que je crachais sur l'email de l'évier. Rien ne me faisait frissonner, rien ne me faisait sourciller. J'avais le regard vide et l'âme grise. C'était compliqué.

Alors il ne faut pas se plaindre, petite fille, quand on ressent de nouveau trop, comme avant. Même si ça fait mal à en hurler. C'était pire encore d'être complètement anesthésiée. Je ne sais pas comment me relever de ce qui m'arrive maintenant, pour le moment je n'ai pas de solutions. Il faudra que je retourne dans ce cabinet aux couleurs pâles que j'avais réussi à trouver. Continuer à creuser avec cette femme qui m'avait si bien aiguillée. Continuer d'essayer de me comprendre, et réussir un peu à m'apaiser. Ce problème avec la nourriture qui rampe et mord à la moindre occasion. Se réveille dès que mes barrières ne sont plus si fortes et m'emplie de couleuvres qui m'empêchent d'avaler. Depuis Paris, un si gentil barbu s'inquiète, et me sermonne qu'on ne se nourrit pas de café. Mais ce n'est pas le vrai problème, de manger. Ça reviendra, c'est toujours revenu, je n'ai pas peur de ce monstre là. Il me crée juste des creux et laisse voir en relief les douze paires de côtes de mon squelette. Dans la glace, ce n'est pas méchant. Dans la glace, ce n'est pas important

C'est cette histoire, cette si belle histoire qui est en train de m'échapper. Celle qui m'empêche de me lever et me fait rester la tête sous la couette, pour me cacher de ce monde entier que jamais je ne comprends. Cet endroit où il n'y a pas de place pour cette histoire dont je ne peux toujours pas croire qu'elle ne soit pas grande. Qu'elle ne soit pas vivante. Qu'il faille tout enlever, tout annuler, chasser tout l'espoir et tout refermer. Faire semblant que cela n'a jamais existé alors que. Je ne sais pas grande chose, et encore moins sur les autres. Mais je connais mes sentiments, et je reconnais ceux qu'on me porte. Et je ne sais plus quoi faire de toutes ces émotions qui me parcourent et se glissent partout. En signe, on les désigne par la main qui court et remonte sur le bras comme une légion. Et mes émotions, j'ai l'impression qu'elles courent et m'assaillent de partout, sur ma peau et qu'elles se coincent entre mes poumons. Et je ne vois pas, et je ne sais pas. Et comme faire, et en faire quoi, d'être si amoureuse dans une histoire si elle ne vit pas. Dans cet espace où je suis la seule à y croire, dans ce dédale où je me perds dans le noir. Et je n'arrive pas à me convaincre, je ne peux pas m'enlever de l'esprit. Que cette rencontre là est l'une des grandes histoires de ma vie. Alors si elle n'est pas viable, si on ne lui donne pas de chance. Si on ne se donne pas à nous deux cette chance. Je ne vois plus trop qu'est ce qui pourrait avoir plus d'importance. Si on fait ce renoncement là. Pour plein de raisons, et plein de choses qu'on cache et sur lesquelles on se ment. La peur de cet inconnu là, la morale qui nous force à rester. Qu'est ce qu'il se passerait si. Ces sentiments qui pourraient nous avaler. Cette relation exigeante qui pourrait nous changer. Je ne sais pas ce que ça pourrait donner. Maintenant, dans un mois, dans plus longtemps après. Je suis debout mais je viens tout juste de finir de me recoller. Alors même moi, je ne sais pas ce qui me prend. Ça fait des mois que je m'interroge, et que je n'ai aucune réponse à me donner. C'est cette hypersensibilité, c'est cette chose qui court dans mon sang. Je me fous d'être en couple, je me fous bien des normes, des règles et de la solitude qu'il faudrait éviter comme un abominable péché. Je n'ai pas besoin de quelqu'un, je suis à moi toute seule mon entier. Mais je ne sais plus dans quel livre j'ai lu que "les gens qu'on aime on ne les rencontre pas, voyons, on les reconnaît". Et moi j'ai reconnu quelqu'un, et c'était la quatrième fois en 28 ans. Alors tu parles d'un chamboulement, tu parles d'une leçon auquel je ne m'attendais pas. De ce garçon dont je n'arrive pas à me détacher, même si. Même s'il faudrait, même si c'est ce qui m'est demandé. Je ne sais pas moi, couper les sentiments, je ne sais pas aimer à moitié. Et ce n'est pas le problème de qui a tort ou qui a raison puisque ce n'est pas comme ça que marche les émotions.

Mais il était une fois, j'ai rencontré quelqu'un et je l'ai reconnu. Dans ses différences et ses ressemblances. Dans ses failles intenses, ses stratégies et ses  qualités plus grandes encore. Dans cette attention à l'autre, dans cette compassion admirable et sincère, et qui permet aussi de bien se cacher. Dans ce passé en piques et en creux comme le mien qu'il a réussi à traverser. En se changeant, en s'adaptant, en évoluant. Ce courage là, je le connais. Et je l'admire, parce que je le reconnais. 'Cause we're living in a world of fools breaking us down when they all should let us be tout ça, tout ça. Alors j'entends ce qu'on me dit, mais je sais qu'au fond je n'écoute pas. Parce que les mêmes carnets noirs mais différents. Deux machines à écrire dans des appartements, celle qui marche et celle qui ne fonctionne pas, et les deux qui ne servent pas vraiment. Des chutes similaires mais des cicatrications pas pareilles. Des sentiments possibles à distancer et les miens qui ne savent faire souvent que me chahuter. Et l'amour par dessus ça. Qui m'empêche de dormir, qui me fait pleurer et me menace de toutes les bêtises du passé. Qui ne sait pas s'arrêter, qui ne veut rien savoir et qui me laisse très étonnée. Cette page qui reste blanche des raisons que je voulais pouvoir me donner, et celles que je trouve quand il y a une autre peau contre la mienne et des mots pourtant très opposés. Alors tant pis la morale, tant pis les obligations, le rationnel et les redéfinitions. Je ne peux pas plier mes sentiments, je ne suis pas amoureuse en pointillés sur du carton. Ça dépasse, c'est fort et c'est violent. C'était inattendu. C'était inespéré. Ce n'était pas prévu. Alors peu importe, s'il faut attendre encore. Si je ne sais pas ce qu'on va faire de notre chance à tous les deux, si on va vraiment devoir la laisser passer. J'ai le temps, j'ai deux livres à écrire et des projets pour toute l'année. Le carnaval de Ptuj, l'Asie et d'autres chemins qu'on doit encore choisir et tracer. Je ne sais pas laisser mourir, je ne sais pas couper. Si je n'ai pas vraiment d'autres choix que celui là qui m'est laissé. Alors j'attendrai.

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