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You shouldn't mumble when you speak
30 mai 2015

C'était une très mauvaise idée, et tu le savais

C'était une très mauvaise idée, et tu le savais dès que tu as allumé l'écran. Le vin sur les lèvres, les étoiles dans ton dos, ses codes à lui rentrés un à un dans les cases. Les messages des filles qui réclamaient des nouvelles, et qui n'avaient que du silence. Qui voulaient son attention, et à qu'il n'accordait même pas de la clémence. Ces filles à qu'il avait du tout promettre, qu'il avait du écouter patiemment. Puisqu'il avait toujours été comme toi, et que les autres s'étaient toujours confiés à vos oreilles attentives. Leur passé, leurs blessures, leurs doutes et leurs joies. Tout ce qui faisait de vous de jolis gardeurs de secrets. Vous étiez ça, avant. Toi, ça te mangeait plus que lui, la souffrance des autres que tu accumulais.

Les étoiles dans ton dos, et ses mots à lui qu'il utilisait pour se faufiler dans les bras des jolies. Dans leurs draps. Pour mieux les laisser ensuite, avec son silence que tu connaissais très bien. Ces photos de visages souriants qui demandaient des comptes, et toi qui t'emiettait à l'intérieur. A cause de ce que qu'il était en train de devenir, de ces ombres dont tu avais tellement essayé de l'eloigner, pendant des années.

Les étoiles dans ton dos, et la craquelure en ton centre.

Sa barre de recherche, et sur la dernière effectuée, un visage.

Le tien.

Les étoiles dans ton dos, et toi entièrement en morceaux. La tête dans tes bras, dans tes cheveux tes doigts. Tes sanglots, partout. Et les hurlements que tu étouffais contre tes manches. Tes hurlements de bête qui souffre, ces hoquetements qui faisaient de la buée sur ton bureau en verre. Au dessous de toi, ton portrait, et des larmes tout autour. Que tu essuyais avec tes mains qui n'arrivent pas pas à les contenir. Alors tu as attendu. Que tu te craquelles, que tu te morcelles. Que tu finisses en poussières, et que tout se tarisse. C'était épuisant, tout ce flot. Cette culpabilité de ne pas avoir pu le sortir de ses démons, son manque de toi, son manque de vous. La douleur dans la gorge, profonde, jusqu'à ce qu'elle s'atténue. S'arrête. Et te laisse sur le rivage, vide et échouée.

 

Heureusement il y avait eu de belles choses aussi, durant les jours d'avant, ceux de mai qui s'emmelent et s'entrecroisent. Beaucoup de rires, des gens pour te prendre dans leurs bras, et te serrer fort. Une bougie plantée sur un biscuit, et des verres pour célébrer. Beaucoup trop, et des idioties sous la lune. Des épaules, pour se rattraper à force de rire à en pleurer. Une portière par un poteau rayée, des phrases en russe, en allemand et en polonais. Des brides d'une vie qui avait des similitudes avec la tienne. Des interrogations, des joies, des cicatrices à en mourir dès qu'elles s'ouvrent à nouveau. Ce garçon qui parlait si bien, et qui souffrait.

Exactement. Comme. Toi.

Ta tête contre sa cuisse, contre son bras. Ton impuissance que tu déteste, et sa souffrance. Dans la lueur du soleil qui se levait, tes yeux qui n'arrivaient pas à se détacher de l'encre dans sa peau, près de son épaule. Celle qui disait,  en mots différents, la même chose que la tienne au creux de ton bras. Ta main qui tu avais tendu pour la poser contre cette peau tatouée. Ton hésitation si longue, ce matin là. Et puis non, tu n'avais pas osé.

En ouvrant les yeux, et en voyant les tiens, il avait aussitôt demandé comment tu allais. Stupide garçon. Stupide gentil garçon trop bien elevé. Moi on s'en foutait, tu avais pensé. Moi, ma douleur, je sais comment la gérer. C'est celle des autres que je ne sais absolument pas maitriser. Moi je peux juste me coller contre eux, et ce n'est jamais assez. Alors tu t'étais levé, tu avais fermé les grands volets blancs, et tu étais retourné te coucher. Pour l'écouter parler, pour l'écouter se raconter.

Puisque vous étiez doués à ça, avant, tous les deux. Et même s'il ne devait rester que toi, à croire encore à ce que vous étiez. Tant pis. Raconte moi ton passé, raconte moi ce qui court sous ta peau. Dans les premiers rayons du milieu du mois de mai. Raconte moi qui tu es. Moi, ce n'est pas important parce que je me connais déjà bien assez. Mes limites, et tout ce qui me fait toujours les dépasser.

 

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